Redéfinissant les liens entre photographie, performance et peinture, le travail d’Alexis Pichot réinterprète autant qu’il questionne l’usage de la lumière dans la production de l’image.
Par sa pratique du Light Painting, il replace celle-ci au cœur même de notre perception. C’est par ses constructions visuelles incandescentes que l’artiste nous livre son expérience du réel.
Le moindre lieu est ici mis en mouvement et redessiné. Combinant ainsi la réalité du bâtît et la subjectivité de celui qui l’immortalise, les clichés d’Alexis Pichot, nous montrent combien le medium photographique peut-être source de nouvelles formes esthétiques, autant que simple outil de témoignage.
Exposé de Paris à Hong Kong, ayant d’abord fait carrière comme décorateur d’intérieur, Alexis Pichot a débuté en 2011 ses expérimentations lumineuses avec sa première série la Révolution Parisienne. Enflammant bâtiments et mobiliers urbains, le photographe y donnait à voir une ville embrasée. Mise en lumière de la puissance du feu, comme source d’inquiétude autant que de joie, cette série repose sans doute sur l’idée que c’est d’abord parce qu’elle est sujette à interaction, ici émotionnelle, qu’une chose peut prétendre à l’existence. Le passage de l’immobile au mobile, de l’inexistant à l’existant résidant ici dans le rôle de la flamme comme source de vie.
De cette prise de conscience déterminante découle un travail plus plastique encore. Alexis Pichot, s’attache à des lieux abandonnés, inertes de jours comme de nuit, pour là aussi apporter le mouvement et une lecture toute personnelle de ce qui l’entoure. Créateur de l’image et de ses propres outils lumineux qu’il met en mouvement, le photographe, s’attèle alors à de nouvelles techniques. La pose longue reste, mais la chorégraphie et l’usage du matériel électrique occupent dorénavant une place prépondérante dans son travail. De même que dans La Révolution Parisienne, le propos de Light & Paper ou Les Armées Lumières ne tend pas modifier l’esthétique même du lieu, mais à créer un récit autour de celui-ci. Prenant la nuit pour canevas, l’artiste y projette comme naguère Pollock sur sa toile, de grandes stries de lumière.
Pierre Bultez, de Bright Lights. Big Cities.